Fruit de mère
Exprès
J’aime l’évoquer
Sans aucune équivoque
Voir cette lueur saisonnière dans tes yeux
Lorsque tu te penches
Avec un air songeur
Et tu commences à parler de lui
Il est fait de ta peau
Porteur de ton germe, il fleur bon
Il porte ton emblème
A jamais, il est le précieux de ton âme
Cette créature que tu chérisses
Cet adonis qui t’épanouit tant
Exprès
J’aime t’inciter
À parler de lui
Et débusquer cet instinct maternel
Très musqué
Et qui t’enjolive
Lui qui est sur une autre rive
Il est dans ton cœur
Et sur les pleines lunes
De tes yeux étincelants
Qui luisent
Quand tu débutes à parler de lui :
Rudy par-ci et par-là
Rudy
Ne révise pas
Il a son bac le petit favori
le vieux
Malgré les places vides
Il restait debout
Dégarni et usé par le temps
Il voulait tenir tête à ces jeunes robustes
Avec sa tête grise
Il voulait prouver que debout
Il pouvait tenir
Sur ces genoux
Que rien n’était perdu
Pauvre vieux
Chaque fois il toussait
Je voyais dissiper
Son âme
Il ne voulait pas le reconnaître
Qu’il était temps
Et qui il était bon pour les oubliettes
Ben mon vieux
Lorsqu’on est au bout du rouleau
Même ces jeunes
Dans leur regard
J’y voyais leur pensée
Ils se moquaient en le regardant tousser
Silencieusement l’un lui présageait :
« Je te donne un jour ou d’eux »
L’autre lui disait:
« Adieux ! »
Et s’en allaient croquer la vie
Tant qu’il était temps
À la fin de sa dernière saison
Le voilà encore le vieux chnok
Persistant
C’était dur d’admettre
Qu'il’était l’heure
De quitter les lieux
Essayant de se tenir droit
Il était trahi
Par ces jambes flageolantes
Soudain, je le voyais
Pris dans un torrent de frissons
Sa main et ses lèvres sèches tremblotaient
Lorsqu’une pin-up en jeans séré
Et les cheveux en broussailles
Se mettait devant lui
Fiévreux, troublé
Et esprit dérangé
Il laissait descendre ces yeux abîmés
Jusqu’à le petit derrière convexe
De la jeune fille
Sensuelle
L’érafla avec ses mèches rebelles
L’attisa et le grisait
Alors que de toux en toux
Il s’estompait
Chaud en sueur, il n’en pouvait plus
La voyant partir
Sans pouvoir la suivre
Il plaignait ces jambes
Qui ne tiennent plus
Misérable vieux
Le joli leurre
Même le bois vermoulu
De la porte de sortie grinçante
Gisait
Quand, le gracile corps épuré
S’en allait
Dans une volute de vapeur parfumée
Troublant ainsi, l’air stagnant et confiné
De la cité
Du haut et aux longs de leurs balcons
Les femmes s’échangeaient soudainement
Des œillades, pour que tout leur regard
Se converger vers le rez-de-chaussée
Vers la pucelle sortie du hammam du coin
Toute fraîche, sensuelle
Et raffinée
Devant la jouvencelle
Les lavandières échevelées,
Aux lèvres pincées
Se mirent à soigner leurs crinières
Puis une après l’autre
En reniflant ses aisselles
Âpres, poisseuses et rassises
Retournait au lavage de sa vaisselle
Laissant la douce demoiselle seule
Qui à son tour se mettait
A soigner sa mise
Elle brandissait son voile blanc bordé
Et l’entoura autours de sa taille fine
Sans s’apercevoir
De la présence du chenu,
Mis dehors par sa bru
Pourvu qu’elle le trouve inanimé
L’octogénaire, le dévot
Alité sur une paillasse
Chapelet en main
Priait le ciel, de quitter sa mièvre vie
Cessa de l’égrainer
Quand son œil fut éperonné
Par le mince corps moulé
Dans une belle robe évasée, rose, rose bonbon
Soulevé d’un coté, d’un cran
Laissait entrevoir
Un galbe parfait d’une jambe potelé
Et tandis que sa main
Grattait le tapis rêche
Son regard léchait
La tendre joue en peau de pèche
Du visage rubicond
De la fille
Aux lèvres enflées
Rouge pavot
Décrépit et borgne
Le vieux était tiraillé
Baissant le regard une fois
Et une autre, il se livrait à plaisir
A la réjouissance
Lui qui avait oublié le goût
Du sel de la vie
Dans le tenaillement
Entre l’envie de, le désir de
Et l’abstinence
Sans cœur lâcha
En sourire, il mourut
Avec un œil ouvert et un autre clos
Sans douter un instant
Le joli leurre, lui souriait à son tour
En se déhanchant
Portant son baluchon
Elle s’envola pour enflammer
D’autres cœurs nonchalants
Par Monts et Par Vaux
Je te cherche
Par Monts et Par Vaux
Derrières les cloisons
Des fausses saisons
Dans les Gynécées
Des aristocrates
Je te cherche
Dans les lupanars des nulles lunes
Derrière les voiles
Des nuits mystiques
Et à chaque aube
Fleurit, loin de ton fleuron
Je te cherche
Sans répit
Poussé par mon désir
Impétueux, impérieux
Repoussé par mes impulsions
Vers tes contrées
Je te traque
Par Monts et Par Vaux
Sous l’ombre
Des soleils de l’orient
Sur les cimes
Des mirages
Fleure d’Abysse
Fleure de Lis
Où es-tu ?
J'ai compris le signe
J'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De quitter le val
Et la reserve
Après, un point, à la ligne
Je retrouve ma case,
De départ
Un peu Nase
J'ai eu toujours ce mal de m'intégrer
Au sein
De la communauté
J'ai rien d'un saint
Peut-être
Un peu farfelu et ingénu
Jusqu'à frôler le ridicule
J'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De prendre un peu de recul
Loin des plumes bruyantes
Et je m'excuse
D'avoir froissé ton Coeur
De t'avoir véxé
Avec ma poésie percluse
Et désaxée
Ce n'était qu'une galégade
Un peu morne et un peu maussade
Pourtant, j'ai rien d'un con
Je sais la courtoisie
Et j'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De quitter le val
Et la réserve
J'ai rien de merle le chanteur
Je pique pas
Ce qui était déjà pris
Je ne cours pas derrière l'amour dans les brumes
Puisque, fidèle
À ma brune
Je porte sa rose sur le revers
De mon cœur, de mon veston
J'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De prendre un peu de recul
Loin des plumes bruyantes
J'ai l'air un peu ridicule
Avec mes bribes de souvenirs
Mais j'entends
Le sifflement
Ce pense-bête
Quand, comme un serpent à sonnette
Elle s'éclate
Et explose
Comme une bulle de savon
J'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De quitter le val
Et la réserve de la poésie
Je suis jamais seul
J'ai jamais dragué, flirté
Ou papillonné
Je ne cours pas derrière les jupons évasés
J'ai rien d'un paon
Qui se parade pour impressionner
Ou d'un con
J'aime avec ma tête et voilà
J'ai compris le signe
Il est temps au cygne
De prendre un peu de recul
Loin des plumes bruyantes
Je veux être ce dernier
Je veux être ce dernier
Qui quittera la gare
Quand même l’espoir
Ne croit plus
Et le fagot de muguets
Se fane plutôt que prévu
Je veux être ce dernier
Qui admettra l’évidence
D'un dé^part sans retours
Et que même, si l’amour
Ne l’attend plus
Je veux être ce dernier
Qui sera en avance
Et à l’avant de la scène
M’importe s’il le rideau est tombé
Je veux être ce dernier
Qui ira à l’encontre
Du sens des aiguilles
Et de ce qu’avance
Les pronostics
Je veux être ce dernier
Le cancre et le tocard
Qu’elle espérera revoir
L’attendre
Je veux être ce dernier
Qui croira au miracle
Que la fin est le présage d’un début
Et voilà, nos retrouvailles
Je veux être celui-là
Le dernier témoin
A croire que l’amour
Ne fini pas
Elles sont passées
Elles sont passées
Entre le champ de mes bras
Afin de poser leur griffe
Sur ta plaie déposée
Sur mon cœur incarnat
Elles ont essayés
Avec finesse
Toute féminines
Remplis d’audace
Et chacune pleine de grâce
De trouver la clef
De la porte de notre jardin secret
Empestant le parfum du jour
Leurs poitrines lourdes
Leurs bouches enflées
D’une main douée, douce
Et généreuse
Plus belles que toi
Et conscientes de leurs atouts
Elles se sont reliées
Sans aucun répit
A catapulter mon cœur assiégé
Mais au deuxième round
Elles ont renoncés
Craignant tes représailles
Et battues
Par le souvenir d’une ombre
Elles fondaient
A l’heure de nos retrouvailles
Lorsque, toute innocente
Sans aucun ajout
Ou fard à joue
Tu me revenais